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-> DUMASRepository for students' Research Papers (Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance) Last Research Paper submitted[dumas-00909894] L'axiomatique dans les preuves d'existence d'un équilibre général, chez Arrow et Debreu(19/01/2021)
Ce travail s'attache à montrer que les années 1940 et 1950 témoignent d'une révolution épistémologique profonde en économie, au moins aussi importante que la "révolution keynésienne". Cette révolution a conduit à l'émergence d'un style de pensée axiomatique. L'intégration de la méthode axiomatique en économie conduit à séparer la structure logique de la théorie de ses interprétations possibles, la monographie de Debreu (1959) constituant le modèle canonique de cette séparation pour la discipline économique. À partir de cette séparation, deux points de vue différents émergent au sein des modèles d'équilibre général : un point de vue économique et un point de vue axiomatique (ou mathématique). À chacun de ces points de vue est liée une logique de développement qui lui est propre. La logique de développement axiomatique pousse à réduire le nombre d'hypothèses ou, du moins, à les affaiblir, afin de proposer des théorèmes les plus généraux possibles. La logique de développement économique, quant à elle, conduit à rechercher des hypothèses réalistes renforçant la pertinence économique du modèle. Cette double logique conduit à une tension permanente dans l'activité théorique de l'économiste. En effet, la généralisation mathématique des théorèmes conduit, dans certains cas, à des interprétations peu conformes avec l'intuition économique ou bien peut contribuer à obscurcir leur signification économique. On perd en compréhension ce que l'on gagne en extension. L'exemple de l'article de 1954 de Kenneth Arrow et Gérard Debreu permet d'illustrer cette tension essentielle du style de pensée axiomatique en économie.
[dumas-01101587] Logique, raisonnement et rationalité : le problème de la normativité chez Kant, Frege et la philosophie de la logique contemporaine(19/01/2021)
La motivation centrale de ce travail est d’essayer de comprendre l’énoncé suivant : "La logique est la science du raisonnement correcte". Cette affirmation, d’apparence simple, a traversé l’histoire de la philosophie et continue encore aujourd’hui. L’idée exprimée par cet énoncé a eu un rôle central dans le développement de la philosophie occidentale, et particulièrement, aux origines de la philosophie analytique, avec Frege, et encore avant, avec Kant. Son contenu, dépend d’au moins trois variables : le contexte philosophique, l’état de développement théorique de la théorie logique et le contenu du concept raisonnement. C’est-à-dire que, pour comprendre, d’un point de vue philosophique, l’affirmation considérée, il faut prendre en compte, au moins, ces trois aspects. Nous nous réfèrerons à la discussion sur l’idée selon laquelle la logique est la science du raisonnement comme la problématique sur la normativité logique. Dans ce travail, nous analyserons cette problématique à la lumière des considérations précédentes, tout en nous focalisant sur le problème à travers trois contextes philosophiques différents : la philosophie de Kant, la philosophie de Frege et la philosophie analytique contemporaine.
[dumas-00941559] La pensée philosophique en tant qu'ἀνάμνησις(06/11/2020)
Nous proposons à travers ce travail de regarder la pensée philosophique comme étant essentiellement liée au phénomène d'ἀνάμνησις, c'est-à-dire au ressouvenir ou à l'anamnèse. Nous cherchons à repenser le propre du philosopher. Dans cette optique, philosopher signifie "se ressouvenir". Pourtant, l'anamnèse n'a pas affaire à la mémoire et aux souvenirs. Elle est expérience, à travers laquelle adviennent une vérité et un savoir. Notre point de départ se trouve dans une évidence de la pensée philosophique : la pensée a une histoire et s'enracine dans une tradition. Tout ce qu'on met devant la pensée, tout ce que la pensée prend comme tâche a un lien avec ce qui a été pensé auparavant ou fait référence à ce qui a été, qu'on l'admette ou non. Nous identifions, cachée sous la forme de cette évidence, une tendance de la pensée philosophique qui n'a pas été mise en question ou explicitée. Ainsi, philosopher c'est dans un certain sens se retourner vers le passé afin de le reprendre sous un jour nouveau. Ce point de départ trouve sa confirmation philosophique à travers une analyse "historique" : l'anamnèse chez Platon et Gadamer. C'est à travers cette façon de mettre à l'œuvre ce que l'évidence nous a dévoilé qu'on découvre que l'anamnèse décrit la recherche et la découverte de type philosophique. Pour Platon, l'άνάμνησις représente moins une actualisation d'un savoir tout fait, inné et latent, qu'une manière de reprendre quelque chose de "su" sous un jour nouveau. C'est donc ce mouvement "rétrospectif" qui rend possible le savoir et la vérité pour la pensée philosophique. Selon Gadamer, l'άνάμνησις platonicienne s'apparente à une re-connaissance. Ces deux analyses dévoilent une certaine "structure" que possède l'anamnèse, un certain mode d'être : elle se définit par le "re-". Il s'agit d'un re-vivre, re-connaître, re-conquérir, re-voir "à distance" la réalité. Ceci renvoie à l'idée de "voir" les choses "dans une autre lumière", ou faire une nouvelle expérience des choses qui apporterait un surcroit de connaissance. Le "re-" de l'anamnèse désigne le fait de re-faire une "expérience". L'anamnèse représente une expérience du philosopher. Philosopher et parvenir à un savoir signifie, dans ce sens, faire l'expérience de l'expérience.
[dumas-00611180] Ontologie et émergence(06/11/2020)
Notre projet de mémoire, ci-dessous développé, est le suivant : comment étudier la notion d'émergence dans le cadre de la métaphysique anglo-saxonne contemporaine ? Pour répondre à cette question, notre réflexion partira du système ontologique particulier, à savoir le "carré ontologique", d'inspiration aristotélicienne et repris par un auteur contemporain, E.J. Lowe. Dans ce système, les catégories ontologique d'"objet", de "phénomène", de "propriété" et de "condition" sont analysées comme étant fondamentales, irréductibles et suffisantes pour décrire tout le contenu de la réalité. Nous nous sommes limités cette année à la présentation de ce système, espérant par la suite pouvoir le développer dans le sens d'un physicalisme non réductif. Notre thèse finale sera alors la suivante : il est possible que de nouvelles conditions émergent.
[dumas-00334703] Wittgenstein, les concepts psychologiques et la psychologie(06/11/2020)
Les derniers écrits (1946-51) de Wittgenstein s'occupent principalement de philosophie de la psychologie et s'attaquent à certaines théories classiques de l'esprit, que les commentateurs qualifient de mythologies. Notre travail consiste à évaluer la possibilité de la présence de ces mythologies de l'esprit à l'intérieur des théories construites par les sciences psychologiques ainsi que les implications sur la psychologie que cette présence est susceptible d'avoir. En nous appuyant sur certains des points centraux de la critique wittgensteinienne (l'usage ordinaire, la distinction conceptuel / empirique, etc.), nous montrons qu'il est envisageable de dégager des thèses, d'inspiration wittgensteinienne, délimitant les prétentions de la psychologie. L'œuvre de Wittgenstein fournirait donc un outil, dans une mesure que nous nous efforçons d'apprécier, pour une mise en débat de la scientificité de la psychologie, en particulier des neurosciences cognitives.
[dumas-00875860] Penser le jazz : une contribution philosophique(06/11/2020)
Cette étude tente de répondre à la question "qu'est-ce que le jazz ?" en partant des spécificités musicologiques propres à cette musique pour rejoindre la pensée sociale et culturelle du jazz. Plus qu'un simple travail de définition, il s'agit d'analyser le jazz pour en extraire ses valeurs, d'interpréter les phénomènes musicaux jazzistiques en les plaçant toujours déjà dans un contexte historique et social déterminé. Penser le jazz, c'est établir son unité esthétique. Pourtant, on n'épuise pas le phénomène jazzistique à parler de swing et de sonorité : penser le jazz c'est aussi comprendre les origines musicales d'une telle musique et donc utiliser une méthode généalogique permettant de comprendre pourquoi, un jour, des hommes ont joué de la musique de telle manière. Le discours musicologique s'ouvre à la philosophie sociale et aux sciences historiques. Penser le jazz, c'est alors comprendre qu'il est une musique populaire, issu de la rencontre brutale des musique occidentale et africaine dans le contexte de la ségrégation raciale. Si certains discours sur la musique font de l'abstraction leur crédo, un discours sur le jazz semble devoir nécessairement prendre en compte les contextes socio-historiques dans lesquelles on joue du jazz. Le jazz se joue, se danse, s'incarne dans des gestes, des attitudes et des corps, et ce faisant, véhicule une pensée musicale que l'on ne peut pas comprendre si l'on s'en tient à une analyse musicologique. Penser le jazz comme pensée, ériger le jazz en porte d'entrée privilégiée d'une culture américaine naissante, comprendre l'encrage de la musique de jazz dans la Weltanschauung américaine sont les enjeux de cette étude qui donne en outre des pistes tant méthodologiques que généalogiques pour entreprendre une analyse des musiques populaires postérieures au jazz.
[dumas-00745591] Des collaborations possibles entre philosophie et intelligence artificielle(06/11/2020)
Ce mémoire s'intéresse aux collaborations possibles entre Intelligence Artificielle et philosophie. Il montre que les deux disciplines peuvent partager des objets, des théories et des résultats pour apprendre l'une de l'autre. La stratégie de ce mémoire consiste à expliciter des relations épistémologiques entre les problématiques propres aux deux disciplines ("IA faible" et "IA forte"), afin de définir des modes de collaboration sur le plan disciplinaire. La deuxième partie de ce mémoire présente les travaux de philosophes et de spécialistes de l'IA, depuis les débuts de l'Intelligence Artificielle jusqu'aux années 80. Elle expose les démarches collaboratives exploitées par ces chercheurs, de manière implicite ou explicite. La troisième partie présente des travaux où la philosophie sert de socle conceptuel à l'Intelligence Artificielle, notamment en ce qui concerne la simulation de phénomènes émergents. La quatrième partie réalise un renversement des relations classiques entre les deux disciplines. C'est au tour de l'Intelligence Artificielle de se mettre au service de la philosophie, en formulant de nouvelles hypothèses de recherche ou en testant les théories philosophiques à partir de cas concrets. Ce mémoire, enfin, espère œuvrer pour le rapprochement des deux disciplines et ainsi encourager philosophes et spécialistes de l'IA à collaborer sur les sujets qui leurs sont chers.
[dumas-00600297] Le clonage reproductif humain : problèmes éthiques de l'identité du clone(06/11/2020)
S'interroger sur le clonage, c'est s'interroger sur ce qu'il produit, à savoir le clone, le double, dont il s'agira pour nous d'appréhender le sens et de voir en quoi cet être recréé, reproduit par clonage présente une figure complexe, en quoi il représente un être particulier, au statut quelque peu singulier. Il importe donc de définir ce que signifie, ontologiquement et symboliquement, l'action même de cloner et de définir ainsi ce que signifie l'existence d'un clone. En effet, la question du clonage ne peut être séparée de la question même du clone puisque sans clone, il n'y aurait pas lieu de parler de clonage. Par ailleurs, il nous faut définir ce qu'est scientifiquement le clonage. Nous montrerons alors que les définitions mènent parfois à des quiproquos et des illusions qui n'ont pas lieu d'être une fois le terme clairement défini.
[dumas-00407687] Écologie et écologisme(06/11/2020)
Le débat sur la nature de la relation entre écologie et écologisme repose principalement sur des présupposés épistémologiques quant au statut de l'écologie et quant à la façon dont elle doit prendre en compte les activités humaines. L'écologie peut être considérée comme une partie de la biologie, comme une science naturelle interdisciplinaire, ou comme une science interdisciplinaire qui fait le pont entre sciences de la nature et sciences de l'homme. La prise en compte de la spécificité culturelle de l'homme dans son rapport aux écosystèmes et à la biosphère dépend donc du statut que l'on donne à l'écologie.
[dumas-02966784] De la sonde à la carte. Une campagne hydrographique au XVIIIe siècle dans le golfe de Gascogne : analyse historique et traitement des données obtenues(01/11/2020)
En 1750 et 1751, une campagne hydrographique est réalisée dans le golfe de Gascogne à la demande du Dépôt des cartes et plans de la Marine. Cette campagne a pour but de vérifier et de corriger des cartes marines déjà publiées de la même région. Pendant la mission, plus de 350 sondes à plomb suiffé sont relevées dans le golfe afin de mesurer la profondeur de l’eau et pour lever des échantillons du fond marin à différents points. En étudiant les diverses archives provenant de cette campagne, la chaîne de production des savoirs hydrographiques en jeu au XVIIIe siècle est exposée et déconstruite. Elle englobe chaque étape dans le processus de construction de cartes marines, de l’émergence d’un besoin aux travaux sur le terrain et à leur utilisation finale. Les archives contiennent également les données hydrographiques brutes récoltées pendant la mission. Une méthodologie pour le traitement et l’analyse de ces données hydrographiques historiques est proposée et détaillée. La chaîne de traitement passe par la transcription des données des sources archivistiques à leur standardisation et classification selon des données de référence. Les données historiques ainsi traitées sont ensuite comparées et analysées par rapport à des données actuelles équivalentes. La méthodologie développée implique l’utilisation d’outils en humanités numériques, surtout pour la visualisation via la mise en carte des données historiques traitées.
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-> TELRepository for the archiving of Ph.D theses (Thèses En Ligne) Last Ph.D. submitted[tel-01751285] Avoir et savoir. L'appropriation des plantes médicinales de l'Amérique espagnole par les Européens (1570-1750)(22/01/2021)
Le but de cette thèse est d’étudier comment, suite à la conquête de l’Amérique, les Européens se sont approprié des plantes médicinales d’origine mexicaine, caribéenne, andine, ou amazonienne. L’usage fréquent que les praticiens européens du XVIIIe siècle font de substances telles que le quinquina, l'ipécacuanha, le bois de gaïac ou encore le chocolat, révèle l’ampleur du phénomène, mais en masque la complexité. L’emploi d’un remède originaire d’Amérique en Europe implique en effet de nombreux processus. Le prélèvement et la mise en culture des végétaux, la transmission des savoirs indigènes et leur traduction par les allogènes, la commercialisation des drogues à travers l'Atlantique, les expériences réalisées sur les remèdes et les expéditions organisées en Amérique entre le XVIe et le XVIIIe siècle sont ainsi au cœur de cette recherche. Plus qu’un « apport » de l’Amérique à l’Europe, ce phénomène d’appropriation doit être appréhendé comme une modalité du fait colonial. Objet naturel, et en même temps savoir naturaliste et médical, la plante médicinale devient à la suite de la conquête de l’Amérique un enjeu politique. Elle suscite, en 1570, l’une des premières expéditions scientifiques de l’histoire, et inspire à la monarchie espagnole divers projets de monopole au milieu du XVIIIe siècle. De l’autre côté de l’Atlantique, elle est au cœur des conflits opposant l’« Indien » à l’Espagnol, lorsque le second interdit au premier d’utiliser des plantes abortives ou hallucinogènes, et lorsque le premier refuse de transmettre ses savoirs pharmacologiques au second.
[tel-01144626] The " Science of Numbers " in action in Richard Dedekind's works: between mathematical explorations and foundational investigations(22/01/2021)
In 1882, Richard Dedekind and HeinrichWeber offer an arithmetico-algebraic re-definition of the Riemann surface, using concepts and methods introduced by Dedekind in algebraic number theory. In an attempt to investigate Dedekind’s works beyond the mere idea of a “conceptual approach”, this works proposes to identify the elements of practice specific to Dedekind, starting from the paper co-written with Weber. I put forward the idea that in Dedekind’s works, arithmetic can play an essential and active role in the elaboration of mathematical knowledge. For this, I propose to study, in Dedekind’s mathematical practice, the conception of arithmetic, the place and role of arithmetical notions and the possible evolutions in Dedekind’s ideas about arithmetic. This study is based on a careful analysis of a selection of Dedekind’s texts. For this, I study Dedekind’s early works, his 1854 Habilitationsvortrag and his first works in number theory. Then, I propose a comparison between the first two versions of Dedekind’s theory of algebraic numbers published in 1871 and 1877. Finally, I turn to Dedekind’s foundational works, to make explicit the specificities of his conception and elucidate, through the study of his works on the definition of numbers, what gives arithmetic its pride of place and the link with the definition of natural numbers given in Was sind und was sollen die Zahlen? in 1888.
[tel-00011874] Pour une Biographie intellectuelle de Colin Maclaurin (1698-1746) : ou l'obstination mathématicienne d'un newtonien(22/01/2021)
Colin Maclaurin est un mathématicien écossais important dans la vie intellectuelle, sociale et politique de l'Écosse. Pour lui, l'évidence et la certitude des mathématiques justifient leur utilisation dans les autres champs du savoir. Nous montrons donc comment il les utilise en physique, en astronomie, en théologie, etc. De plus, nous montrons comment sa lecture des œuvres de Newton évolue et comment il passe d'un statut de disciple à celui de commentateur, puis à celui de chercheur aux conceptions propres. Enfin, l'étude globale de ses œuvres nous permet de dégager des lignes de forces dans sa production : une volonté de fondation, en particulier en algèbre et dans la méthode des fluxions, un usage fin et privilégié de la géométrie, et une application réciproque de la géométrie et de l'algèbre. Nous analysons de nombreux résultats nouveaux qui résultent de cette approche maclaurinienne des mathématiques.
[tel-01749128] Les STAPS face à la pluralité épistémique: approches analytique, normative et compréhensive à partir de l'étude des revues STAPS et Science & Motricité(22/01/2021)
Les STAPS ou Sciences du sport ont souvent été présentées comme un territoire pluriel, conflictuel voire éclaté. La diversité semble s'y manifester à plusieurs niveaux : diversité des disciplines, des programmes de recherche, des normes de scientificité... Le constat de l'intensité des dissensions a souvent été associé aux idées d'incommensurabilité et d'irréductibilité. Ce faisant, l'étude systématique des modalités effectives de gestion de cette pluralité par les chercheurs en Sciences du sport n'a pas été réalisée. Elle constitue l'objet de la présente thèse : comment les travaux scientifiques affrontent-ils in actu la pluralité théorique ? Dit autrement, comment se réalise la cumulativité des connaissances dans un champ épistémique pluriel ? Dans le cadre d'une approche analytique et logique en philosophie des sciences (Berthelot, 1990), nous formalisons dans un premier temps la diversité des stratégies déployées pour traiter la pluralité des résultats empiriques, des méthodes, des disciplines et des paradigmes. Trois cent articles publiés dans deux des revues historiques du champ (Science & Motricité et STAPS) ont été analysés, ce qui a permis la production d'une typologie : la pluralité théorique peut être gérée suivant les modes de la confrontation, de la territorialisation, de l'intégration ou de la réduction. Ces diverses modalités sont mises en œuvre dans des disciplines et programmes variés, à propos d'objets d'étude diversifiés mais également par les professionnels de l'intervention en EPS. Les diverses tentatives de traitement de la pluralité scientifique ne présentent pas une fécondité équivalente (Lakatos, 1994) ; celles-ci peuvent s'avérer, suivant les cas, progressives (production de faits inédits) ou ad hoc. Leurs apports respectifs sont dégagés, conformément à une approche normative. Celle-ci est aussi l'occasion de formuler les attitudes à adopter vis-à-vis de la pluralité des paradigmes et des tentatives d'articulation. Nous cherchons ensuite à comprendre les motivations incitant certains chercheurs à produire des modèles intégrateurs. Dix entretiens semi-directifs ont permis de révéler des sensibilités intimes, quasi éthiques, pour le thêmata (Holton, 1981) de complémentarité. Sont finalement dépliées plusieurs implications philosophiques inhérentes à la problématique de la pluralité théorique. Nous tentons notamment d'en comprendre la genèse et les intérêts pour le progrès des connaissances. Les mécanismes aboutissant au durcissement des controverses épistémologiques sont aussi mis en lumière. Des homologies entre les modes de traitement de la pluralité dans le champ scientifique et dans d'autres secteurs d'activité humaine sont enfin repérées. Ceux-ci apparaissent en nombre restreint, limités d'un point de vue logique aux modalités que sont la confrontation, la territorialisation, l'intégration et la réduction.
[tel-00943709] Du corps médical au corps du sujet. Etude historique et philosophique du problème de la subjectivité dans la médecine française moderne et contemporaine.(22/01/2021)
La médecine connaît actuellement en France une crise de ses repères et de ses valeurs conséquente aux bouleversements scientifiques, techniques et sociologiques qu'elle a connue au cours du XXe siècle. Cette thèse vise à explorer les tenants et les aboutissants de cette situation, à partir d'une étude historique et philosophique de l'émergence et du développement de la médecine française moderne puis contemporaine, entendue à la fois comme profession, discours scientifique et pratique sociale. De la formation du corps médical à l'apparition d'un discours autonome des usagers de santé, nous défendons l'idée selon laquelle la genèse et l'évolution du discours médical, depuis le XVIIIe siècle jusqu'à nos jours, repose sur sa capacité à répondre à la question fondatrice des possibilités d'objectivation scientifique et technique de la subjectivité humaine. Ce problème, originairement épistémologique, se révèle au cours de notre généalogie de nature tant philosophique qu'éthique et sociopolitique, nous conduisant finalement à rechercher les outils de problématisation de la crise contemporaine au fondement de la relation médicale moderne. L'étude de la correspondance du médecin des Lumières Samuel-Auguste Tissot (1728-1797) nous offre finalement un contre-point essentiel pour préciser les conditions de possibilités d'une médecine, que nous souhaitons pour le XXIe siècle, et au sein de laquelle est assuré le respect de l'autonomie et de l'identité propres à l'ensemble des sujets, qu'ils soient soignés ou soignants.
[tel-00808073] Classer et inventorier au XIXe siècle : administration des fonds et écriture de l'histoire locale dijonnaise par l'archiviste Joseph-François Garnier 1815-1903(21/01/2021)
Située au carrefour de l’histoire des archives, de la construction des savoirs, de l’histoire des sciences et du pragmatisme, cette thèse se propose dans la double optique de la biographie intellectuelle de l’archiviste et historien dijonnais Joseph Garnier (1815-1903) et d’une généalogie des pratiques et des méthodes de l’archivistique de s’attacher à étudier la place de l’archive et du traitement qui lui fut réservé dans le courant du XIXe siècle aux Archives et dans l’écriture de l’histoire. En opposant l’archivable à l’éditable la rénovation des archives locales provoque une perturbation des cadres méthodologiques et un sentiment d’urgence technique et scientifique : l’inventorisation devait impérativement prendre le pas sur l’édition exhaustive des richesses paléographiques de la France. Ce réaménagement des représentations archivistiques offre la possibilité d’un chassé-croisé entre science des documents et administration des fonds. Ces deux nécessités réussissent une conciliation par le réajustement des objectifs assignés aux inventaires sommaires via leur normalisation. Obligées de faire de l’inventaire-sommaire et de la description des actes préalables à l’utilisation et à la publication des documents historiques, les Archives locales manifestent qu’il existe des savoirs et des pratiques spécifiques à la gestion des documents. En normalisant et en institutionnalisant les « arts de faire » de la classification, le monde des archives élabore de nouvelles technologies intellectuelles induisant à chaque étape de nouveaux rapports à l’archive et à l’histoire dont l’historiographie a su mesurer toute l’inventivité.
[tel-02554298] La démocratie technique(19/01/2021)
Because of the idea of technology as an autonomous actor and of the reduction of progress to its technical dimensions, political philosophy excluded democracy from its reflections on sciences and technologies. It examined foremost technocratic conceptions of power. It is mainly history and sociology that research the relationship between technology and democracy. By analysing their conclusions, this PhD thesis develops two insights: 1) the importance of socio-cultural factors for explaining the technical development of society; 2) the existence of a weak version of determinism which implies that technologies shape social relationships. Taking these two insights as the starting point for further reflections, we derive two central reasons why technology is a necessary object of considerations on democracy: first, technology sets a society on a development path – by a subpolitical action – which citizens must be entitled to discuss; second, technology is already a political object for it is addressed by legislation and, as innovation, is a key element of national and international politics and of the discourse of governance. Thus, this thesis stresses that the concept of technical democracy needs to become more complex. Only then it can leave its narrow scope on expertise and participation behind and fully address both the economic, juridical and epistemic conditions of (co)production of knowledge and innovation, and the classical philosophical considerations on democracy. Redefining the field of technical democracy in such a way, we will be able to have a more multi-layered debate on the meaning of progress.
[tel-01275980] « La guerre, la plus terrible des érosions ». Cultures de guerre et géographes universitaires, Allemagne-France-Etats-Unis (1914-1921)(19/01/2021)
Lorsque la Grande Guerre éclate en 1914, le champ mondial de la géographie universitaire est structuré en écoles locales et nationales, liées par des publications, des débats scientifiques et des rassemblements au niveau international. Cette étude d’histoire comparée montre que les trois principales communautés de la discipline (Allemagne, France, Etats-Unis) sont ébranlées par la violence du conflit et participent aux multiples cultures de guerre des pays belligérants. Entre combats pour les plus jeunes, travail pour les armées, notamment dans la géologie de guerre allemande et états-unienne, engagement (autour des atrocités allemandes et russes, des buts de guerre, de la géographie militaire et politique) et diplomatie culturelle chez les géographes des fronts domestiques, les spécialistes des sciences de la terre se mobilisent de façons diverses et occupent un rôle inédit d’experts, en particulier dans les discussions autour des négociations de paix, entre 1917 et 1919. Enseignants, savants, intellectuels et citoyens, ils connaissent donc une phase brutale mais intense de leur identité professionnelle, devant concilier la « géographie moderne » avec une nouvelle géographie appliquée. Le résultat est décevant, tant dans la mobilisation politique et militaire, vécue avec enthousiasme, puis avec malaise, que dans l’expertise, insatisfaisante et peu efficace auprès des autorités chargées de redessiner la carte de l’Europe et du monde. Malgré ces limites, la Première Guerre mondiale constitue un moment fort dans l’identité collective de la géographie universitaire, lente à se démobiliser et marquée par la persistance des alliances et de la violence de guerre.
[tel-00808650] Politiques du savoir. Une approche communicationnelle des rapports entre sciences, technologies et participation en France (1968 - 1983)(19/01/2021)
Le champ scientifique n'a pas été épargné par les contestations sociales de l'après 1968. Au cours des années 1970, il fait l'objet de débats intenses et se trouve sous le feu de critiques en provenance de milieux divers. Militants, universitaires, ou encore journalistes et administrateurs de politique de recherche s'interrogent sur les voies d'un développement scientifique et technologique plus démocratique. Dans ce contexte, de nouvelles manières de dire la science et de régler ses rapports avec le politique apparaissent. Un régime de discours émerge, réclamant la participation du public aux choix scientifiques et technologiques. L'analyse de cette émergence est l'objet de ce travail. L'apparition d'une exigence de participation aux sciences et aux techniques est décrite, à travers l'étude de trois pôles de réflexion particulièrement attentifs à la question de la participation : le courant d'autocritique des sciences, la division des politiques scientifiques de l'OCDE et la nouvelle sociologie des sciences. L'approche privilégiée est généalogique et centrée sur les discours. Elle permet d'observer à la fois la diversité des conceptions de la participation en jeu à cette époque, et la façon dont elles s'articulent pour donner lieu à une définition commune. De plus, elle invite à reconsidérer les enjeux de la participation à l'aune de son inscription historique. L'exigence participative formulée au cours des années 1970 joue un rôle dans la généalogie de la participation contemporaine, mais ne s'y réduit pas. Elle couvre un champ de significations variées qu'il importe de mieux caractériser. Ceci conduit à prendre la mesure des autres interprétations, mais aussi des autres " modes de gouvernementalité " auxquels correspond la participation. Une attention spécifique est portée au modèle de la politique expérimentale. Le premier chapitre, sur les modes de désignation du pouvoir, fonde la démarche théorique et méthodologique adoptée, et indique la perspective d'une approche communicationnelle. Puis, après un état des lieux des discours sur " science et politique " au tournant des années 1970 (chapitre 2), l'analyse porte successivement sur trois définitions émergentes de la participation, données par la critique des sciences, l'OCDE et le domaine STS (chapitres 3, 4, 5). Le chapitre 6 analyse les opérations de circulation par lesquelles ces définitions se rencontrent et forment un régime de discours nouveau. Ce régime de discours, en reconfigurant les représentations de la science et de la politique, impose des modes de gouvernement. L'un d'eux fait l'objet d'une analyse plus développée et sera caractérisé par l'expression de " politique expérimentale ".
[tel-01232867] La pensée technique de l'Académie Royale des Sciences (1699-1750)(19/01/2021)
Fondée en 1666, «Renouvelée» par un règlement royal en 1699, devenue une institution de la monarchie absolue, l'Académie Royale des Sciences réunit les meilleurs savants du XVIIIe siècle. Etre un acteur majeur dans le champ de la technique n'allait pas de soi pour une Académie des sciences. Cette thèse analyse les raisons et les modalités de cette présence et en mesure la place. De l'examen des inventions aux études techniques, en passant par les expertises et les descriptions des arts, une nouvelle pensée apparaît caractérisée par l'émergence du régime de la technologie de la pensée opératoire. Dans la première moitié du XVIIIe siècle ce régime de pensée s'installe et se caractérise par une nouvelle relation entre sciences et techniques. Délaissant progressivement les techniques des métiers réglés pour se tourner vers les techniques nouvelles pour en rechercher les principes, les causes de leur fonctionnement plutôt que de le décrire, l'Académie applique les méthodes de la science moderne à la technique. Cette pensée technique se diffuse, elle est partagée et enseignée dans des lieux nouveaux. De là, l'enseignement des techniques va quitter le mode de la transmission et de l'apprentissage pour entrer dans un modèle spécifiquement français de la formation scientifique des ingénieurs. Dans cette période des liens particuliers unissent l'Académie aux écoles des armes savantes, ainsi qu'à une école de « mathématiques pratiques ». Les savants qui ont pris le contrôle d'une technique devenant scientifique vont, alors, céder la place à des ingénieurs qui deviennent aussi des scientifiques.
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