"Parodie et déconstruction de l'autobiographie dans Le Chat Murr d'E.T.A. Hoffmann"
Résumé
Dans ce roman dense et touffu, Hoffmann se livre à une démarche très moderne de déconstruction d'un genre mis à la mode au siècle précédent par Rousseau dans ses Confessions auxquelles il se réfère explicitement. Il met en place un système d'écrits alternés, qui se succèdent et s'interrompent dans un apparent désordre, mais qui en fait s'inscrivent dans une logique de correspondances. Il y a, d'une part, l'autobiographie du chat Murr, incarnation du béotien qui se croit du génie et estime du plus haut intérêt de narrer par le menu les événements qui ont jalonné sa vie depuis la petite enfance. Il y a, d'autre part, la biographie du maître de chapelle Johannes Kreisler, alter ego de Hoffmann, écrite par un auteur anonyme qui mêle récit à la troisième personne et confidences du personnage. Il s'agit apparemment pour Hoffmann de disqualifier la pratique autobiographique, si prisée par les Lumières, d'en montrer les limites, d'en dénoncer le caractère frelaté et surtout d'en mettre en cause le fondement même, un moi omniprésent et narcissique qui se décrit avec complaisance dans les scènes de la vie courante.