Le péché du grotesque
Résumé
Emprunté à l'Italien, le mot grotesque fait son entrée dans la langue française au XVIe siècle. En effet, il est à l'opposé des principes qui seront ceux du classicisme développé du Grand Siècle: clarté et pureté. Toutefois, ce siècle placé sous la double enseigne de l'art classique et du baroque s'avère riche en productions littéraires tournées vers des formes grotesques qui accentuent - bien dans la tradition médiévale - les horreurs de la tentation et d'un destin funeste. Sur la scène du théâtre, la doctrine classique a su bannir le grotesque, dans le sens le plus large du terme, de la tragédie et en partie de la comédie pour arriver à un "aveuglement salutaire " d'un genre devenu moralement suspect à lui-même. La chasse au grotesque va de pair avec une "anthropologie négative", négative puisqu'elle développe son image de l'homme uniquement à travers le rôle qu'il assume dans cet ensemble de conventions réglées par la bienséance. Le grotesque, en revanche est associé à l'infâme. L'infamie - le disgracieux - désigne non seulement un comportement monstrueux comme celui d'un Néron mais aussi un excès dans la représentation des passions. Principaux auteurs cités : Augustin, Arnauld, d'Aubignac, P. Corneille, Dante, Descartes, Desmarets de Saint-Sorlin, Fénelon, Hugo, La Bruyère, La Taille, Mairet, Montchrestien, P. Nicole, Racine.