Maupassant goes west ? "Stagecoach" (John Ford) et l'iconographie du western
Résumé
Stagecoach est souvent rapproché de la nouvelle Boule de suif de Maupassant (1880). La fameuse nouvelle a connu plusieurs adaptations ou transpositions cinématographiques dont pourtant peu en portent le titre - comme notamment Stagecoach de John Ford ou Shanghai Express (1932) de Josef von Sternberg. Tandis que Sternberg récuse toute influence de Maupassant, John Ford paraît avoir été fort impressionné par Boule de suif - bien que sa source principale ait été un récit d'Ernest Haycox (1937). Même si l'influence de la nouvelle de Maupassant n'est pas entièrement prouvée, cela n'empêche pas de fonder sur cette hypothèse une comparaison transmédiatique. Tandis que la nouvelle de Maupassant témoigne du scepticisme anthropologique du vieux continent, Ford montre John Wayne en pose de messie. La récurrence obsédante de l'opposition entre la vaste plaine désertique et l'espace claustrophobe structure le film. En fait, les personnages qui défendent leur vie luttent pour la Stagecoach, la diligence, et ainsi pour l'intégrité de cet espace clos devenu à la fois refuge et menace. Le film paraît alors se lancer dans un éloge du rêve américain. Or, ce rêve sera pris à contre-pied, notamment par la fin du film qui a pourtant marqué l'iconographie du western. Repères méthodologiques : Bakhtine, Barthes, Genette, Metz, Weinrich.