" La question du style en traduction littéraire "
Résumé
Le style d'un auteur se détermine généralement grâce à un ensemble de traits propres à son écriture, qui en font sa particularité : il s'agit en règle générale d'un emploi particulier du lexique et de la grammaire qui se révèle récurrent dans l'œuvre de l'écrivain, à un point tel que " l'œuvre d'un auteur, estimait Hjelmslev, est la plus grande unité linguistique qui soit " (Rastier, 1994 : 263). Selon cette conception du style, on peut donc affirmer qu'il s'agit d'un trait individualisant, qui reflète une certaine subjectivité : à travers son style, un écrivain nous livre en effet sa vision du monde, sa manière particulière d'exprimer sa pensée. Qu'advient-il du style d'un écrivain lors du processus de traduction, lorsqu'il passe sous la plume de celui que l'on désigne comme étant un co-auteur - le traducteur ? Comment ce dernier s'y prend-il pour " traduire " le style d'un auteur ? Est-ce seulement possible, au regard de la différence entre les langues ? On peut aussi légitimement se demander si les traducteurs essaient effectivement de reproduire le style de l'auteur qu'ils traduisent. Puisqu'il paraît si évident, selon la célèbre phrase de Buffon, que " le style est l'homme même ", dans la mesure où le traducteur est l'auteur de sa traduction, ne rend-il pas inévitablement le texte de départ dans son propre style ? Mais alors, si c'était le cas, le traducteur trahirait le texte qu'il traduit, en n'étant pas fidèle à sa forme. Toutes ces interrogations montrent que la question du style en traduction littéraire est centrale, et le but de mon étude est de tenter d'en esquisser quelques réponses.