Diderot dans les Lettres à Sophie Volland : Deux cas de conscience entre éthique et bio-éthique
Résumé
Au mois de juillet 1762, Diderot soumet coup sur coup deux " cas de conscience " (réels ou fictifs ?) à Sophie Volland dans une série de lettres préoccupées tout à la fois de morale et d'esthétique. Il s'agit de statuer sur le comportement d'une fille désirant devenir " mère célibataire " pour garder sa liberté, et d'une femme hésitant à se donner au supérieur de son mari pour favoriser sa carrière. Le matérialisme de Diderot voudrait accorder toute latitude à ces deux femmes, en dissociant l'acte sexuel de toute idée morale. Mais ce qui peut sembler une avancée en matière d'émancipation féminine et de bioéthique dans le premier cas, apparaît comme la négation du libre-arbitre féminin dans le second. On examinera Diderot aux prises avec sa " diable de philosophie " et les exigences de cet amour sincère, véritable et élevé dont Sophie se fait l'incarnation, en lui opposant précisément les arguments spiritualistes qu'il ne peut ignorer.