Rousseau à Montpellier : l'anti-voyage thérapeutique
Résumé
Le récit du voyage de Rousseau à Montpellier, tel qu'il s'inscrit dans les Confessions, affiche clairement la vocation du voyage à détourner le voyageur de son objet thérapeutique, à le séduire au sens propre, par l'insertion d'un épisode érotique sur la route de Montpellier, mais aussi par l'évocation de la piètre qualité des soins dispensés à l'arrivée. En le conduisant sur la voie de la sagesse épicurienne, en le détournant du chemin de la raison (selon ses propres critères), ce voyage constitue aux yeux de l'autobiographe une diversion utile pour l'arracher aux bras de Maman, mais utile aussi, paradoxalement, pour l'y ramener. En cela l'épisode contribue à singulariser encore davantage le destin du jeune homme, et sans éclairer encore (sinon moralement) sa voie définitive, montre du moins son incapacité résolue à suivre les sentiers battus, ainsi que les prémices d'une vocation hors du commun.