Valeur pronostique de l’altération du statut nutritionnel lors du diagnostic des patients atteints de sclérose latérale amyotrophique, centre expert SLA Limoges, France, 1997–2007
Résumé
ntroduction.– Évaluer les relations entre les facteurs nutritionnels mesurés lors du diagnostic et au cours du suivi, et la survie des patients atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA).
Méthodes.– Les patients atteints de SLA, ayant bénéficié d’au moins deux évaluations nutritionnelles, dont une lors du diagnostic, ont été inclus. Leurs données neurologiques, respiratoires et nutritionnelles (poids, perte de poids, présence d’une malnutrition et données d’impédancemétrie), mesurées lors du diagnostic et au cours du suivi, ont été recueillies. Les analyses de survie ont été réalisées depuis le diagnostic jusqu’au décès ou la censure en utilisant le modèle de Cox.
Résultats.– Au total, 92 patients ont été inclus. L’évolution des paramètres nutritionnels était marquée par une diminution significative du poids, de la masse maigre et d’une augmentation de la masse grasse (MG). Nous avons identifié un risque ajusté de décès de 30 % pour une baisse de 5 % du poids, par rapport au poids usuel, au moment du diagnostic (IC 95 % : 8–56 %). Pendant le suivi, nous avons identifié un risque ajusté de décès de 34 % pour une baisse de 5 % du poids usuel (p < 0,0001). La malnutrition au cours de la maladie était associée à une survie plus courte (p = 0,01) et la quantité de MG était associée à une survie plus longue (risque relatif : 0,90 pour 2,5 kg).
Discussion/Conclusion.– Nos résultats fournissent des informations importantes pour réévaluer la prise en charge nutritionnelle de routine des patients, notamment pour mettre en place un suivi du poids et autres facteurs nutritionnels dès le diagnostic. La perte de poids est un facteur pronostique important à considérer dans les études épidémiologiques (ajustement) et les essais cliniques (stratification, minimisation). Ces résultats plaident pour la mise en place d’un essai clinique évaluant l’intérêt sur la survie des patients, d’une stratégie nutritionnelle précoce enrichie en énergie.