P227: Évaluation des apports alimentaires en iode en population urbaine et rurale au Bénin
Résumé
Introduction et but de l’étude
Une insuffisance d’apport alimentaire en iode peut provoquer des carences induisant des déficits mentaux et moteurs (1). En 2007, selon l’OMS environ 2 milliards de personnes dont 1/3 des enfants d’âge scolaire avaient une consommation inadéquate en iode (2). En 2010 au Bénin, 84 % des ménages avaient accès à du sel iodé en consommation courante (3), mais il n’y a pas de données de consommation iodée en population adulte. L’étude avait pour buts d’évaluer les apports alimentaires d’iode à partir d’un recueil d’échantillons d’urine en zones urbaine (Bohicon) et rurale (Tanvè, commune d’Agbangnizoun) au Bénin, et de rechercher les facteurs nutritionnels et alimentaires associés à l’iodurie.
Matériel et méthodes
La méthode de sélection était celle du sondage en grappes. Des relevés des données socio-économiques, démographiques, anthropométriques (IMC) et de consommation alimentaire (enquête semi-quantitative) étaient effectués. Les sujets restaient en centre de santé durant 24 h, dans des conditions standardisées. Les urines de 24 h étaient recueillies et des échantillons de 2 mL étaient congelés. Après décongélation et dilution au 1/20e, l’iodurie était dosée (moyennes de 5 lectures) par spectrométrie de masse couplée à un plasma inductif. Selon l’OMS, une iodurie > 100 μg/L et une iodurie < 50 μg/L pour moins de 20 % de la population étudiée indiquent des apports adéquats en iode.
Résultats et Analyse statistique
401 sujets âgés de 43,69 ± 11,36 ans, de sexe-ratio H/F à 1, informés et volontaires étaient inclus. Les produits les plus susceptibles d’amener de l’iode (produits marins, œufs, produits laitiers, viande rouge, légumes) étaient consommés moins d’une fois/semaine, et le fromage 1,64 +/−0,81 fois/semaine. 4,2 % de la population avait une iodurie < 20 μg/ L, 32,6 % une iodurie de 20–49 μg/L, 39,0 % de 50–99 μg/L et 24,2 % > = 100 μg/L. L’iodurie médiane était plus faible en zone rurale vs urbaine (54,8 vs 77,8 μg/L, p < 0,0001) et chez les femmes que chez les hommes (72,3+/−66,7 vs 90,6+/−64,2 μg/L, p < 0,05). En régression linéaire multiple, le sexe masculin, l’IMC, la zone urbaine et la consommation de produits laitiers étaient positivement associés à l’iodurie (respectivement p = 0,03, 0,003, 0,04, 0,04).
Conclusion
L’étude montre une insuffisance d’apport d’iode alimentaire pour les populations béninoises étudiées, en particulier chez les femmes et en zone rurale. Ces résultats devraient susciter un renforcement de la politique d’iodation du sel dans ce pays afin d’éliminer les carences.