La matière et la technique comme dispositifs de médiation. Le cas des Cartes-Tapisseries d'Alighiero Boetti
Résumé
La réflexion globale autour des notions de sens et de médiation ainsi que de leurs relations réciproques fait émerger un champ sémantique et de problématiques s'articulant, à notre avis, sur trois axes principaux et imbriqués entre eux : i) la médiation et le milieu, en entendant par médiation l'opération ou le processus à même d'instaurer des environnements et des espaces de circulation de valeurs et d'ancrage des pratiques, ii) la médiation et les instances médiatrices – quelle que soit leur nature – par lesquelles l'action de la médiation peut prendre place et donner lieu à des configurations spécifiques d'articulation des différences et de persistance des horizons de valorisation, iii) la médiation et le médium, lorsque l'on conçoit ce dernier tantôt en sa déclinaison médiatique à proprement parler – les médias –, tantôt en celle de support comme lieu d'effectuation et de convergence de pratiques diverses. Cette perspective triple que la notion de médiation livre à la sémiotique permettrait à cette dernière, en suivant l'intérêt actuel envers la notion de forme de vie ainsi que le rapprochement et l'ouverture à certaines suggestions théoriques de l'anthropologie contemporaine, de se configurer comme discipline véritablement médiatrice à l'égard des sciences humaines. Elle serait en mesure d'observer et de décrire lesdites ontologies, en tant que grandes schématisations des modes d'articulation et d'identification des relations entre les êtres proposées par l'anthropologue Philippe Descola et reprises par Jacques Fontanille dans son dernier ouvrage (Fontanille 2015), et, à la fois, lesdites ontogénies en tant que chemins d'émergence et de développement des êtres et des sociétés, telles qu'elles se trouvent disséminées dans plusieurs contributions de l'anthropologue Tim Ingold. Dans ce cadre, la sémiotique, grâce à ses outils de détermination et d'articulation de différents plans d'immanence (Fontanille 2008), ainsi que par sa vocation première d'interrogation sur le sens du sens – sur l'être du sens et sur ses transformations –, s'avère non seulement une discipline permettant de déterminer des niveaux spécifiques et des moments de l'articulation entre expression et contenu ou de dégager des enchaînements syntagmatiques structurant des scènes et des cours d'action, mais elle se constitue également en tant que discipline permettant d'esquisser ou de préfigurer des trajectoires, des devenirs du valoir même des valorisations et, par conséquent, de penser les temps et les espaces mêmes où des sémioses à venir peuvent s'engendrer.
Origine : Publication financée par une institution
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