L’organisation d’un espace religieux : l’implantation des collégiales dans le diocèse de Limoges pendant la période médiévale

Anne Massoni (1)

1 CRIHAM [Poitiers] - Centre de recherches interdisciplinaires en histoire, histoire de l'art et musicologie [EA 4270]

Espace et territoire au Moyen Âge, p. 23 à 31 S i le Limousin monastique est bien connu, grâce entre autres aux travaux de Bernadette Barrière, le Limousin canonial l'est aussi grâce à ceux de dom Jean Becquet, mais avec une nette prédilection pour les établis-sements réguliers qui suivent à l'instar des moines, la règle de saint Augustin 1. Pourtant, la terre limousine est particulièrement marquée par la présence de grands établissements séculiers, là où les chanoines récitent en commun l'office divin et vivent en partielle communauté, mais restent attachés aux affaires du siècle. Que l'on songe pour ne citer qu'elles aux collégiales d'Eymoutiers, de Saint-Junien, de Saint-Yrieix ou du Dorat. À les examiner de plus près, on réa-lise encore l'ampleur des incertitudes sur leurs origines et leur organisation institutionnelle, d'autant que beaucoup d'entre elles, ici comme ailleurs, ont expérimenté les deux formes de vie religieuse au cours de leur existence, ce qui fait de leur histoire un sujet d'étude complexe. On se proposera ici seulement, dans le cadre d'une problématique sur l'organisation de l'espace médiéval, de s'interroger sur la place tenue par ces collégiales dans l'organisation du diocèse de Limoges et sur les fonctions qu'elles ont pu remplir dans l'encadrement du territoire. Pour cela, il conviendra de reprendre l'examen des établissements qui ont été séculiers pendant leur histoire médiévale en les classant par ordre d'apparition et en tenant compte de leur localisation 2. Cela permettra de mettre en évidence le rôle qu'ils ont joué comme relais de l'Église-mère, rôle qu'on leur connaît aussi ailleurs, particulièrement dans le diocèse de Bourges, voisin et comparable à celui de Limoges par son étendue. Le premier groupe de collégiales est constitué par les plus anciennes d'entre elles, très nombreuses en Limousin, fondées aux vi e et vii e siècles souvent à l'emplacement des tombeaux de saints ermites pour la vénération de leurs reliques 3. On les appelle basiliques funéraires plutôt que collégiales stricto sensu, car elles sont desservies dans les premiers siècles de leur existence par des communautés de clercs mal connues et il faut attendre l'époque carolingienne et souvent les ix e ou x e siècles pour trouver dans ces églises des clercs nommés chanoines, qui suivent ou non la Règle d'Aix définie en 816. Ces communautés ont souvent été refondées ou réorganisées pendant ces siècles, surtout quand elles ont été détruites par les événements de l'époque, entre autres les invasions normandes. On constate sur la carte de leur localisation qu'elles n'ont pas été placées au hasard. On en compte quatre à Limoges et dans le suburbium de la ville, dont la basilique Saint-Martial desservie par des chanoines jusqu'en 848 4. Les autres sont stratégiquement implantées le long des fleuves 5 , et surtout de la Vienne pour Saint-Junien, Saint-Léonard-de-Noblat et Eymoutiers. Elles ont d'ailleurs toutes donné naissance à un pôle de peuplement plus ou moins important 6 et on remarque qu'elles quadrillent remarquablement l'espace du diocèse, particulièrement sur ses frontières.

Mots clés: collégiales; diocèse de Limoges; espace; évêque

Domaines: Histoire; Religions

Anne Massoni. L’organisation d’un espace religieux : l’implantation des collégiales dans le diocèse de Limoges pendant la période médiévale. Organisation de l’espace médiéval, cadres de vie laïques et religieux. Colloque en hommage à Bernadette Barrière, Geneviève Cantié, Sep 2016, Aubazine, France. p. 233-238. ⟨hal-01374229⟩