Impact de la gastrostomie sur la survie des patients atteints de la sclérose latérale amyotrophique (sla), en fonction de leur perte ponderale au cours du temps
Résumé
Introduction et but de l’étude
La dénutrition est un facteur pronostic péjoratif retrouvé dans 8 à 55 % des patients atteints de sclérose latérale amyotrophique (SLA). Une gastrostomie est recommandée en cas de perte pondérale > 10 %, de fausses routes répétées, d’un temps de repas >45 min ou d’une capacité vitale forcée (CVF) < 50 %. L’impact de la gastrostomie sur la survie des patients SLA n’est actuellement pas claire. Les objectifs de notre étude étaient d’évaluer à la fois l’impact de la perte de poids et de la gastrostomie sur la survie, puis de rechercher les potentiels facteurs associés à l’indication pour la pose d’une gastrostomie.
Matériel et méthodes
Les patients SLA suivis au centre expert SLA après avril 2006 ont bénéficié au diagnostic et au cours du suivi d’évaluation neurologique forme de début, échelle fonctionnelle bulbaire (EFB), nutritionnelle (poids, indice de masse corporelle (IMC), la composition corporelle en impédancemétrie) et respiratoire (CVF, SNIFF test) étaient relevées. La mise en place d’une gastrotomie et d’une ventilation non invasive, la date de décès ou de trachéotomie étaient aussi notées. L’analyse statistique utilisait les tests de Mann Whitney ou du Chi2. L’analyse de survie utilisait le modèle de Cox. L’analyse multivariée des facteurs associés à la gastrostomie utilisait la régression logistique.
Résultats et analyse statistique
Deux cent quatre-vingt-quatorze patients ont été inclus, avec un âge au diagnostic de 74,6 ans [64,8–83,6] et un sex-ratio H/F de 1,17. Une gastrostomie était indiquée dans 65,0 % des cas dont 62,8 % avaient accepté la pose du dispositif. Une perte pondérale de 5 % augmentait significativement le risque de décès de 17 % (IC 95 % 1,09–1,26) (p < 0,0001). En revanche la pose d’une gastrostomie n’avait pas d’impact sur la survie des patients (HRa = 1,25 [IC 95 % 0,88–1,79] ; p = 0,216). Lors de la consultation diagnostique, la perte d’un point d’IMC était positivement associée à la mise en place d’une gastrostomie (ORa = 1,17 [IC 95 % 1,01–1,35] ; p = 0,032), de même que la perte d’un point sur l’EFB (ORa = 1,17 [IC 95 % 1,06–1,32] ; p = 0,003).
Conclusion
Au cours de la SLA, une prise en charge nutritionnelle précoce est indispensable, la perte pondérale étant un facteur péjoratif de survie. Dans notre travail, la gastrostomie n’avait pas d’impact sur la survie, pouvant suggérer une pose trop tardive chez des patients avec une maladie trop avancée. L’indication de la gastrostomie décidée par l’expertise médicale reste un choix pour le patient, pour qui la qualité de vie est un élément indispensable à ne pas perdre de vue.