Prise en charge des états de mal épileptique (EME) dans les zones tropicales
Résumé
L’EME est une pathologie fréquemment rencontrée en région
tropicale. C’est une urgence médicale qui engage le pronostic
vital et fonctionnel avec un risque de séquelles neurologiques
définitives. La prise en charge doit être rapide. Toutefois, il
apparaît des différences notamment épidémiologiques, éti-
ologiques, thérapeutiques et pronostiques en comparaison
avec les pays riches. En zone tropicale, la plupart des études
décrivent les états de mal épileptiques convulsifs, vu que les
états de mal épileptiques non convulsifs sont rarement détec-
tés. L’état de mal convulsif tonicoclonique généralisé est défini
comme étant des crises de plus de 5 min ou la survenue de
2 ou plusieurs crises entre lesquels il n’y a pas de retour com-
plet à la conscience. En Afrique subsaharienne, une fréquence
hospitalière a récemment été évaluée dans une étude entre
5,3 et 10,9 %. Les étiologies couramment rencontrées sont : les
accidents vasculaires cérébraux, un sevrage brutal en médica-
ments anticonvulsivants et les infections du système nerveux
central. L’EEG est réalisé dans peu de cas, souvent moins du
tiers des patients. Les recommandations de prise en charge
thérapeutique actuelles sont basées sur des études réalisées
dans les pays développés. Mais en Afrique subsaharienne
comme dans plusieurs autres régions tropicales, ces recom-
mandations se heurtent aux réalités du terrain. Les difficultés
de prise en charge des états de mal épileptiques en région
tropicale sont en rapport avec un échappement thérapeu-
tique, des moyens médicaux de prise en charge très limités
ainsi que la rupture ou l’indisponibilité des médicaments
antiépileptiques. Les benzodiazépines les plus utilisées sont
le Diazépam, le clonazépam et le midazolam en intraveineuse.
Les anciens médicaments antiépileptiques sont les traite-
ments de fond les plus utilisés : le phénobarbital, le valproate
de sodium, et la carbamazépine. Au Bénin, le diazépam et le
clobazam (accessoirement le clonazépam) en comprimés sont
les benzodiazépines fréquemment retrouvées en pharmacie.
Mais seuls le diazépam et le midazolam sont disponibles en
injectable. Comme traitement de fond, le phénobarbital est le
seul traitement disponible en injectable. En plus, le coût reste
abordable pour cette population à faible revenu. Les moyens de
réanimation sont également limités et ne sont pas disponibles