L’épilepsie à Madagascar : quelle rémanence des initiatives passées ?
Résumé
Introduction Des initiatives pour la prise en charge de
l’épilepsie (campagnes de sensibilisation, formations, etc.) ont
été menées dans 5 des 22 régions de Madagascar entre 2013 et
2018. Notre objectif principal était d’évaluer l’efficacité à long
terme de ces initiatives (soit 2 à 5 ans plus tard). Les objec-
tifs spécifiques étaient (i) d’évaluer les effets et les bénéfices
des interventions auprès de la population générale et des per-
sonnes souffrant d’épilepsie, et (ii) d’évaluer les bénéfices des
interventions auprès des prestataires de soins.
Méthodes Il s’agit d’une étude quasi expérimentale (zones
d’intervention vs zones contrôle) composée de 5 enquêtes
(i) Connaissances–Attitudes–Pratiques (CAP) population
générale, (ii) outils pour les scolaires, (iii) médecins général-
istes CAP, (iv) diagnostics et conformité des prescriptions, et
(v) les consultations à différents niveaux du système de santé.
Résultats Les scores CAP de la population générale et du
personnel soignant étaient significativement plus élevés dans
la zone d’intervention. La bande dessinée était un outil
très efficace et didactique pour sensibiliser et informer les
enfants. Les consultations étaient plus fréquentes dans les
zones d’intervention notamment dans les centres de santé
de base. La conformité des diagnostics et des prescriptions
(avec les recommandations OMS) était plus élevée dans la zone
d’intervention, mais tout de même classé comme « moyenne »
après audit par des spécialistes. Une différence significative a
été retrouvée avec une meilleure concordance en zone con-
trôle (80 %) par rapport en zone d’intervention (56 %).
Conclusion Les connaissances sur l’épilepsie en population
générale étaient insuffisantes, et l’éducation du public est
ainsi recommandée pour corriger des idées fausses. La bande
dessinée destinée aux écoliers a été efficace pour améliorer les
CAP des élèves d’écoles publiques. La formation des médecins
généralistes a été efficace à court terme, mais à long terme,
les CAP sont de nouveau très insuffisantes. Les interventions
doivent être soutenues et continues jusqu’à ce que le diagnos-
tic et la prise en charge des épileptiques soient acquis